Lorsque nous sommes petits, nos parents nous disent souvent « fais attention à ne pas tomber ! ». Même une fois adulte, lorsque nous nous lançons dans de nouvelles choses, nos proches nous mettent en garde. « Fais attention à toi », « surtout ne te fais pas mal ». Tous ces conseils sont bienveillants. Nos êtres chers cherchent à nous protéger de ce qui pourrait nous blesser. Encore dernièrement, alors que je commençais le roller, mes parents me disaient « ne tombe pas surtout ! », quand ils me voyaient me lancer dans l’apprentissage de nouvelles figures. Seulement voilà, je suis tombée, et plus d’une fois. Dans l’enfance, bien sûr. Mais bien des fois depuis aussi, au sens propre comme au sens figuré. Je pense que nous sommes nombreux à être rentrés chez nous avec des genoux écorchés pendant l’enfance, ou avec des blessures à l’âme, à l’esprit, ou au coeur, étant adultes. Alors, plutôt que de craindre la chute, ne serait-il pas mieux d’apprendre à tomber ?
Parce que Tomber Fait Partie de l’Apprentissage
Nous avons tous des petites cicatrices de chutes de l’enfance. Plus ou moins grandes et plus ou moins voyantes. C’est même souvent grâce à ces chutes que nous savons aujourd’hui marcher, courir, faire du vélo… Et c’est d’ailleurs aussi aujourd’hui grâce à ces chutes que je me perfectionne en roller. Les chutes font partie de l’apprentissage. Elles soulignent les moments de « trop » : trop vite, trop distrait, trop instable, trop impliqué… Tant au sens propre qu’au sens figuré. Les chutes nous montrent où se trouvent les limites. Elles nous permettent de savoir où et quand nous ajuster, pour ensuite adopter la bonne posture.
Parce que Tu Tomberas, que Tu le Veuilles ou Non
En général, nous ne choisissons pas de tomber. Les chutes créent la surprise, elles marquent la rupture vis-à-vis de ce que nous pensions stable… Et elles arrivent que nous le voulions ou non. Elles sont comme des claques inattendues. Tomber ne se fait pas qu’au sens propre. Nous « tombons » aussi au sens figuré. Nous vivons souvent les échecs comme des chutes. Tout comme les déceptions ou les changements inattendus et non désirés. Pourtant, tous font partie de la vie. Malgré les plans que nous mettons en place pour prévenir les intempéries de la vie, il y aura toujours des tempêtes professionnelles, personnelles, émotionnelles, pour nous faire vaciller, et parfois même, tomber.
Pour Savoir Bien Tomber
Puisque les chutes font partie de la vie, autant apprendre à bien les vivre ! Une fois, alors que j’allais faire du roller, mon père m’a lancé « fais attention à ne pas tomber n’importe comment ! ». Alors que je m’élançais vers mon lieu d’entrainement, sa phrase résonnait dans ma tête. La question n’était pas de ne pas tomber du tout. La question était plutôt de ne pas me faire mal en tombant. On peut tomber, sans pour autant se blesser. En roller, comme dans de nombreux autres sports, l’apprentissage de la chute est essentiel. Si on sait « bien » tomber, en travaillant ses réflexes pour mieux aborder le sol aux premiers signes de déséquilibres, nous risquons moins de nous faire mal. La chute est parfois inévitable, mais nous pouvons apprendre à l’appréhender au mieux. Il en va de même dans nos vies, nous pouvons apprendre à prendre des coups et même à tomber, sans nous faire mal. Il s’agira alors d’apprendre à gérer la douleur émotionnelle face aux événements que nous ne pouvons contrôler.
Pour Apprendre à te Relever
Apprendre à tomber, c’est aussi apprendre à te relever. Si on ne vit jamais l’échec, on ne sait jamais la force nécessaire pour le surmonter. Lorsque l’on est au sol, se relever demander de déployer davantage de force. Là encore, au sens figuré, lorsque nous sommes dans une situation difficile, nous devons souvent redoubler d’efforts, de réflexion, de courage et de résilience, pour nous en remettre. Apprendre à tomber, c’est aussi apprendre à sortir de toi cette puissance indispensable pour te remettre sur pieds et continuer à avancer.
Pour Cultiver ta Résilience
Comme à vélo ou à cheval, lorsque l’on tombe, il faut tout de suite se remettre en celle. Dans le cas contraire, nous risquons de ne plus jamais être capable de le faire. Plus nous restons au sol, tétanisés, plus la peur de remonter et de retomber se fait grande. Certains chocs de la vie nous imposent de rester au sol un moment. Le temps de digérer ce qu’il s’est passé et de nous remettre. Les chutes les plus violentes nous choquent un peu et certaines nous blessent réellement. Elles nous immobilisent pendant un temps, mais cela ne veut jamais dire que nous devrions arrêter de nous relever. L’histoire regorge de sportifs incroyables ayant vécu des chutes terribles, parfois même handicapantes, avant de faire les meilleures performances de leurs vies. Au sens figuré, certaines épreuves de la vie semblent nous mettre à terre pour de bon, alors que la route ensuite n’en est finalement que plus belle, si tant est que nous acceptions de continuer à la suivre.
Pour ne Pas Avoir Peur de Tomber
Lorsque l’on tente une nouvelle activité, la peur de tomber peut nous tétaniser. Je repense notamment à mes premiers « pas » sur patins à roulettes. J’avançais avec prudence, essayant tant bien que mal d’avoir le contrôle sur mes pas, alors que j’avais pourtant tout l’équipement de protection. Ce n’est que lorsque j’ai croisé des enfants à rollers que j’ai été frappée d’une réalité : ils n’avaient pas peur de tomber, et c’est grâce à cela qu’ils progressaient. Alors que j’étais dans la retenue, eux se lançaient, quitte à tomber, se relever, et recommencer. Ils n’avaient pas peur de tomber car ils savaient comment le faire, ils savaient que ce ne serait pas « si grave », qu’ils se relèveraient, et qu’ils essaieraient de nouveau, jusqu’à atteindre leur objectif. J’ai alors décidé de cultiver ce même état d’esprit, tant dans le patin à roulettes, que dans la vie ! De plus, certaines amies ont peur de se lancer et de tomber par peur du ridicule. Les enfants, là encore, ne s’encombrent pas de ces soucis : ils sont dans l’instant présent, et c’est tout ce qui compte à leurs yeux. Apprendre à ne plus avoir peur ni de la chute, ni du ridicule, est le meilleur moyen de se délester d’un poids ralentissant nos pas.
Parce que la Chute Permet de te Réveiller
Il m’est arrivé quelques fois de faire des malaises vagaux. Ils commencent chez moi par des sensations de chaleur et d’étourdissement, avant que je ne m’écroule. J’ai appris que le corps agissait ainsi pour rééquilibrer le flux sanguin. Une fois au sol, il lui est plus facile de générer du flux jusqu’à la tête, que lorsque l’on est debout et qu’il se bat contre la gravité, dans un moment d’épuisement. Contre toute attente, ce n’est qu’une fois allongés au sol que tout rentre dans l’ordre et que l’étourdissement disparaît. La chute nous réveille. Dans la vie, les chutes brutales font aussi l’effet d’un électrochoc. Elles peuvent être douloureuses, certes, mais toutes nous permettent d’ouvrir les yeux sur certaines réalités. Dans le cas des malaises, la réalité à confronter est la fatigue, la chaleur, le manque d’eau, le surmenage etc. Dans la vie, il peut s’agir d’une situation avec quelqu’un ou quelque chose qui doit absolument changer. La chute nous impose de lâcher prise. Le temps d’un instant, nous ne sommes plus au contrôle. Elle nous montre que nous devons agir différemment, puisque ce que nous faisions jusqu’ici nous a mener à tomber. Elle nous montre la voie à ne pas suivre, pour valoriser la bonne.